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mercredi 21 octobre 2009

Longline ou Big wave riding



Je vous livre aujourd'hui le récit de Michael Aschaber qui vient de découvrir le point commun entre pratique de la longline et le Big wave riding : des sensation énormes, mais aussi un danger constant et des risques à ne pas prendre à la légère. Je le remercie encore de me permettre de vous livrer une traduction de son expérience:

250 mètres - La frontière est atteinte

Après avoir traversé avec succès une longline de 217 mètres il y a quelques semaines, je tente aujourd’hui d’aller encore plus loin et de franchir le mur des 250 mètres en slackline.
Mais revenons aux préparatifs qui se sont déroulés en début de semaine. Je cherche alors deux spots qui peuvent se prêter à cette tentative. Le premier est un terrain formant une cuvette parfaitement symétrique, ma première impression est plutôt encourageante. La différence de hauteur entre les points fixes et le creux de la cuvette est difficilement estimable, mais je trouve le spot parfait ! Le second spot semble avoir été créé pour tendre une longline : un long champ bordé de deux rangées d’arbres. Accompagné de Flo Schwenter je pars tendre les 251 mètres (Ribline) dans le premier spot. Les premiers doutes apparaissent alors que la ligne se libère du sol. Le fond de la cuvette est bien plus profond que je ne le pensais, en son milieu, la ligne culmine à de près de 5,50 mètres au-dessus du sol. La première tentative est un échec, nous démontons tout pour recommencer à zéro. Nous pré-tendons cette fois la ligne avec un tracteur. Cette deuxième seconde tentative se solde également par un échec.

La troisième tentative est la bonne. Au bout d’une heure Uwe, notre dynamomètre, affiche une tension de 1,5 tonnes et nous faisons nos premiers pas sur la ligne. Je réalise alors l’impossibilité de cette tentative, en son milieu, la ligne bat rageusement avec un bruit de palles d’hélicoptère à près de 5,5 mètres du sol rendant toute tentative de traversée particulièrement risquée. Nous nous contentons de marcher quelques mètres sur la ligne pour collecter les premières sensations sur une longline de 251 mètres.

Le dimanche, je pars avec Christof Eder effectuer une tentative sur le second spot. Un immense champ bordé par des allées d’arbres forme un véritable stade de longline qui offre des possibilités allant de 100 à 300 mètres.
Nous optons pour une ligne de 254 mètres. Le montage se déroule sans trop de problèmes. Nous vérifions régulièrement la tension en nous agenouillant sur la ligne. Arrivé à 1,7 tonnes de tension, je m’assieds sur la ligne en son milieu et constate que la ligne ne touche alors plus le sol. Rassuré, c’est en toute confiance que je me dirige vers le palan mécanique, vérifie à nouveau tous les mousquetons et toutes les sangles avant de me remettre à tendre la ligne. Notre objectif est une tension d’environ 2 tonnes. J’atteinds 1,9 tonnes et Christof vient me remplacer au palan. Je me recule et vais à la Banana pour vérifier si tout est en ordre. J’avance encore d’un pas, pose ma main sur la ligne, la frappe des doigts à deux reprise et vois encore deux petites ondes se diriger en direction de l’ancrage opposé avant d’entendre brusquement une forte détonation : 70 mètres de slackline jaillissent dans ma direction alors que me jette sans réfléchir au sol. Christoph est debout près du palan et n’a sans doute pas le temps de réagir. Je me redresse et regarde dans sa direction en redoutant le pire. Dieu merci, nous avions assuré toutes les pièces métalliques de sorte qu’elles ne soient pas projetées vers le point d’ancrage en cas de rupture de la ligne.

Cette précaution empêche que la personne manipulant le palan soit gravement blessée par la projection d’un mousqueton. Nous nous demandons dans un premier temps ce qui vient de se passer, mais le regard que nous échangeons nous fait comprendre à tous deux que nous l’avons échappé belle. Nous rassemblons alors toutes les pièces pour les inspecter en détail. Les images montrent le dispositif de tension. La dispersion des différents éléments illustre bien les forces libérées par des slacklines de telles longueurs. Nous avons eu en fin de compte beaucoup de chance, notre expérience dans le montage de longlines nous a permis de ne négliger aucun détail, pour éviter que quiconque se blesse en cas de rupture de la ligne.

Cette expérience prouve sans aucune équivoque que les limites de la longline ont d’ores et déjà été atteintes. L’élément le plus fragile d’une longline est et reste toujours la slackline. Selon les tests, une slackline montée dans un Banana se déchire au niveau de la première boucle à 2,8 tonnes. La ligne de 254 mètres s’est déchirée elle à 1,9 tonnes, à environ 50 mètres de la Banana suite à une simple tape sur la ligne. Le point de rupture a probablement été une petite égratignure particulièrement difficile à déceler. Cette slackline n’a pourtant été utilisée que 5 fois et ne portait aucun signe de détérioration visible.
En conclusion je dirai que cette expérience illustre parfaitement qu’en nous mesurant avec des slacklines de telles longueurs, nous agissons comme des enfants, fragiles et vulnérables, qui poussés par la curiosité et à l’aide de la technique (palans, poulies, etc.) jouent avec des forces extrêmement dangereuses, voire fatales, et uniquement contrôlables sous le respect de certaines conditions.