Depuis que je vie au Vorarlberg, je m’étonne sans cesse de la grégarité de ses habitants. Tiens, prenons par exemple mon voisin. Je rentrais hier soir après avoir fait quelques courses en ville (enfin si on peut appeler ville une agglomération de 40 000 âmes) et je le vois balayer le trottoir après avoir fait des travaux de terrassement dans son jardin. Il m’apprend alors que son jardin va bientôt se transformer en places de parking pour ses locataires (sic). On discute un peu et convenons tous deux que la simple idée d’arracher les 3 arbres fruitiers qui jettent des ombres bienfaisantes sur ses rosiers est une véritable crève-cœur. Mais la pression économique est telle qu’il doit bien rembourser ses crédits, et donc fournir des places de parking à ses locataires.
C’est la vie et la conversation dévie rapidement vers les sorties en montagne. Nous réalisons rapidement nous être déjà croisé sur un alpage, lui en VTT, moi à pied. Je lui raconte rapidement ma dernière sortie au Hochberg et fait part de mes projets du lendemain. Au nom de Hochkünzelspitze son ton devient plus sérieux. Sommet raide, descente en face Nord-Est parsemée de falaises, bref par une sortie facile. Mais bon, mon récit précédent lui donne de bonnes raisons de me croire à la hauteur. Alors va pour la Hochkünzelspitze.
Le lendemain. Arrivé à 8 :00 au parking. Je ne suis pas seul, 3 randonneurs s’engagent déjà dans le sentier alors que deux autres personnes s’équipent en même de temps que moi. La monté en forêt est donc l’occasion de faire un brin de causette au hasard des rythmes d’ascension. Les premiers alpages marquent une première répartition en fonction des objectifs respectifs. A gauche en direction de la Lauba Alpe pour le Rothorn et le Hochberg, tout droit pour la Hochkünzelspitze. Une demi heure plus tard je rattrape les 3 randonneurs entrevus sur le parking. L’un d’eux a déchaussé ses skis et une de ses chaussures. Assis sur une pierre, il examine et palpe avec précaution son talon droit de l’index. J’arrive à peine à leur hauteur qu’il me demande si je n’aurai pas du sparadrap sur moi. Hé hé, bien sûr que j’ai du sparadrap, j’ai même mieux puisque ma trousse de secours est suréquipée et dispose d’un kit « Compeed », pour lutter contre les ampoules. C’est donc tout sourire que j’aide ce malheureux à soulager son bobo tout en taillant une bavette avec ses amis. Pendant la pose du pansement vient la proposition de les accompagner dans leur boucle. Le programme est alléchant : Hochkünzelspitze, descente par le flanc Nord-Est vers la Gautalpe, ensuite remontée vers le Rushwannekopf jusqu’au Tobelejoch et descente dans dixit un énorme champ de poudreuse vers la Tobelealpe. Enfin, regagner Au via la Bergkristallhütte. Ma foi, un programme plus qu’alléchant, alors que faire d’autre que d’accepter une invitation si amicale. Je vous le répète, les habitants du Vorarlberg sont très grégaires !